Du XVIème siècle à la révolution

XVIème siècle, la nef de l’église:

La nef de l’église est surélevée et allongée, mais la largeur est inchangée, car elle a été probablement imposée par la réutilisation des fondations d’un bâtiment antérieur. L’église est donc très haute et étroite, ce qui lui donne l’allure d’une cathédrale.
L’élévation sur deux étages : de grandes arcades en tiers-point sont surmontées par un vaste mur nu (sans triforium) animé simplement à chaque pile par une double niche prise dans l’épaisseur du mur. Ces niches coiffées de dais très finement sculptées n’ont pas de statue, mais en avaient-elles à l’origine ?
La nef est éclairée dans le vaisseau central par des fenêtres simples en tiers-point. Ces fenêtres hautes sont étroites et n’occupent qu’une faible partie de la largeur de la travée, ce qui renforce l’effet d’élancement. La nef est flanquée de deux bas-côtés qui sont éclairées par des fenêtres à deux lancettes tréflées surmontées d’un quadrilobe (à lancette signifie en forme de fer de lance, c.à.d en tiers-point surhaussé).
Les voûtes de la nef ont des nervures prismatiques avec, dans le vaisseau central, une addition de liernes (nervures qui relient le sommet des arcs-doubleaux aux formerets) et de tiercerons (nervures supplémentaires partant de la colonne). Leurs croisements font l’objet de pendentifs qui sont tous différents.
Dans les bas-côtés, les nervures prismatiques sont de simples croisées d’ogives qui reposent sur des petits culots sculptés.
Derrière les fonds baptismaux, le maître d’œuvre a tracé sur le mur, l’épure à l’échelle de la voûte du transept sud à l’intention des compagnons qui se préparaient à construire ce bas-côté.
A l’extérieur, les culées qui supportent les arcs-boutants du vaisseau central sont terminées par des pinacles fleuronnées.

Les arcs-boutants, à courbes et contre-courbe très XVIème siècle, prennent la poussée à deux niveaux différents, sous le toit et à mi-hauteur des fenêtres hautes.
La toiture du vaisseau central de la nef est si haute qu’elle écrase un peu le clocher. Elle est beaucoup plus haute que les toits en bâtière du chœur et les deux chapelles latérales du transept. Le clocher et sa nef dominant ces 3 toits a inspiré au sculpteur Auguste Rodin, dans son livre “Les cathédrales de France” (édition Armand Colin, 1914) la description suivante :
“L’église, construite en haut du village, ressemble à une énorme poule qui couve ses poussins”.
A la même période, la chapelle latérale nord est également remaniée.

1540 – la façade de l’ église est construite en pur style flamboyant du Vexin français.
La façade est composée de deux étages.

Au 1er étage:

– des contreforts : le premier étage est scandé verticalement par quatre contreforts qui contrebutent la poussée des nefs, car il n’y a pas de tours. Ils sont décorés de niches, sous de grands dais flamboyants, qui contiennent des statues de pierre du XVIème siècle.
– Saint Jean-Baptiste à gauche et Sainte Marguerite à droite, et deux statues plus petites.
Saint Jean Baptiste ou le précurseur, fils de Zacharie et d’Elisabeth, cousine de Marie, est né 3 mois avant Jésus. C’est lui qui baptise Jésus dans le Jourdain. Les feux de la saint Jean du 24 juin fêtent sa naissance. Le 29 aout on commémore sa mort : le roi Hérode Antipas, à la demande de sa fille Salomé, le fait décapiter.
La fête de Sérans avait lieu autrefois le 3ème dimanche de juin, toujours très proche des feux de la Saint Jean.
Au IIIe siècle, en Asie mineure, Sainte Marguerite, fille d’un prêtre païen d’Antioche, convertie par sa nourrice, à 15 ans, refuse d’épouser le préfet Olybrius. Elle est déchiquetée par des ongles de fer, jetée dans l’huile bouillante, mais en sort indemne. Elle est alors décapitée. Elle aurait tué un dragon avec une croix. Elle est fêtée le 20 juillet et est la Patronne des femmes de couches.
– deux portes à arcs surbaissés, surmontées en tympan d’une demi-rosace renaissance de d’une balustrade renaissance.
– Entre les deux portes, un trumeau avec une niche et un dais flamboyant dans laquelle se trouve une statue de Saint Denis céphalo-phore (qui porte sa tête), patron de l’église.
– On remarque que les trois saints figurant sur ce porche ont été décapités.
– Sur les arcs au-dessus de la porte, une suite d’anges musiciens illustre les instruments de musique de Moyen Age.
– Une guirlande de feuilles et de fruits montre l’abondance de la généreuse nature

Au 2ème étage:

– une grande fenêtre flamboyante occupe la façade, mais il n’y a pas de rosace. Ses nervures se terminent en courbes et contre-courbes en forme de flammes.
– Un grand galbe (triangle) surmonté d’une statue de Saint Pierre.
Une tour hexagonale située à gauche du porche, permet, en montant les 79 marches d’accéder à la 2ème balustrade, au milieu du portail. Le panorama est magnifique sur le plateau du Vexin et sur le vieux village de Serans. On voit de près les arcs-boutants, les pinacles et les gargouilles. Dans cet escalier, à côté de la 1ère fenêtre, un calendrier de visite a été gravé dans la pierre en 1720 par celui qui était préposé à l’inspection de l’église. Au débouché de l’escalier sur le balcon, on peut lire le nom des anciens habitants, Morin, Andrieux…

La chapelle Saint Nicolas du Petit Sérans:
La famille de Cléry-Sérans construit à Serans-le-Gast (appelé maintenant Petit-Sérans) une chapelle dédiée à Saint Nicolas, elle servira de sépulture familiale.
La voûte de cette chapelle flamboyante était remarquablement ornée de nervures et de pendentifs. La voûte ogivale avait pour clé de voûte une sculpture représentant un ange aux ailes déployées ; et les retombées sur les 4 points d’appuis des pieds droits étaient formées d’une sculpture représentant un ange en prière. Cette chapelle est presque totalement détruite et à l’abandon.

XVIIème siècle, le château des Cléry-Sérans:

La famille des Cléry-Sérans, seigneurs de Sérans, dont les quartiers de noblesse remontent aux croisades, vit sur ses terres.

Elle a établi son château à Sérans, et son fief s’étend sur 4 ou 5 communes autour de la Molière, jusqu’à Cléry-en-Vexin, près de Guiry-en-Vexin. Le château actuel est construit à l’emplacement d’une construction médiévale. Un escalier en pierre, courbe, permet d’accéder à la cour d’honneur et à la terrasse du château. La façade orientée à l’est comprend deux niveaux rythmés par des grandes fenêtres de style classique. Le corps du logis est encadré par deux pavillons légèrement saillants qui ont une étape supplémentaire, éclairé par de vastes oculus et couverts par un toit à la Mansart en ardoise. La base des toits est soulignée par des balustrades de pierre décorées avec des pots-à-feu. Au sud-ouest, une aile unique fait un retour en équerre.
Les jardins comportent plusieurs grands bassins et sont adossés à un parc boisé qui entoure le château.
La ferme fortifiée construite en contrebas du château, est adossée au bois de la Molière. Les bâtiments agricoles anciens et les murs de clôture ont été construits avec les pierres du pays, grès, silex et meulière. Le grand portail, à l’entrée du Village en venant de Magny-en-Vexin s’ouvre sur vaste cour, avec en arrière plan le château. Il est construit avec fronton triangulaire et léger bossage.
Sur la droite, dans la cour, s ‘élève un énorme pigeonnier rond, couvert de petites tuiles. Il possède une très belle porte à fronton décoré.

L’ensemble est inscrit à l’inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques et longtemps laissé à l’abandon, a été restauré par les propriétaires actuels.

Vers 1650, Le Prieuré de Serans dépend de l’opulente Abbaye de Saint Germer de Fly. Elle fait de l’église Saint Denis de Sérans une filiale de cette abbaye. St Germer de Fly est situé à 8km au S.O de Gournay-en-Bray, sur l’Epte, à 35 km au nord de Sérans, et à 35 km à l’ouest de Beauvais. Elle possède une vaste église abbatiale typique de premier art gothique du XIIème siècle(1150-75) avec chœur à tribune, ainsi qu’une Sainte chapelle inspirée de celle de Paris et qui est un chef d’œuvre du gothique du XIIème.
Le Prieuré est encastré dans la partie romane de l’église et une porte communique avec la chapelle du transept sud. Pour ce faire, on a démoli un arc-boutant, et le pinacle, situé au sommet du contrefort, se trouve encastré dans le mur du Prieuré.
Le Prieuré a une salle aux fenêtres ogivales et un rez-de-chaussée avec une cheminée monumentale du XVIIème siècle (Renaissance). La poutraison est formée de chênes entiers. La petite cave est profonde de 6 mètres et son escalier très étroit serait le départ d’un souterrain caché.
Le pignon avec ses contreforts et ses fenêtres ogivales est d’inspiration cistercienne. On suppose que la construction de cette salle est largement antérieure à la partie rattaché à l’église. Les dignitaires du Prieuré de Sérans avaient le droit d’être inhumés dans l ‘église, aussi y trouve-t-on encore dans les bas côtés, de grandes dalles ornées d’inscriptions et de dessins.

XVIIIème siècle:

1770 – Sur les 127 hectares de terres vaines et vagues de la Molière, un arrêt royal institue la vaine pâture des terrains communaux.
1784 – Les bandits de la bande de Herbert la Tour tentent de piller le château, mais un serviteur du comte de Cléry les dénonce. Ils sont arrêtés et envoyés aux galères.