De la révolution à nos jours

La révolution :

1789 – Le Prieuré possède des bâtiments, des terres et des carrières. En juillet, les révoltes paysannes créent ” la Grande Peur “. Le Prieur de Sérans s’enfuit. Ses biens sont acquis par des laboureurs du pays qui deviennent les nouveaux notables.
1790 – Dans l’église, 10 ” citoyens actifs ” (payant une contribution d’au moins trois jours de travail), élisent une nouvelle municipalité. Sa première tâche sera de partager la colline de la Molière entre les communes riveraines (Hadancourt le Haut Clocher, Montagny et Montjavoult).
1791 – Le culte est aboli. L’église sert de salle du Conseil Municipal.
Le curé Boisvin refuse de prêter serment à la Constitution Civile du clergé. Il est remplacé par un nommé Cheron qui sera populaire et élu maire sans être candidat, mais qui refusera le poste
Le garde-chasse de Monsieur de Cléry est nommé garde-champêtre, “gardien des grains, des fruits, des près et des bois “.
1792 – La patrie est en danger. Sérans a une Garde Nationale de 100 hommes avec un capitaine, un lieutenant, deux sous-lieutenants, deux sergents, deux caporaux et deux sous-caporaux.
Le 8 octobre, l’ église perd l’Etat civil. Le curé transporte les registres du Presbytère à la “maison Commune”.

1793 – La terreur :

Les représentants en mission traquent les nobles. Charles Alexis de Cléry-Sérans (80 ans) ne fuit pas. Le 4 septembre, a lieu une parodie d’arrestation. Mais on reconnaît qu’il a toujours fait preuve de civisme et qu’il se conforme aux lois de la République. Il peut regagner son château.
Le 12 septembre, un incendie accidentel détruit 15 maisons aux toits de chaume. Une jeune fille est morte et 50 sans abris sont hébergés chez les autres habitants et au château des Cléry-Sérans.
Le 11 octobre, le Conseil Municipal, réuni dans l’église, brûle, place de la Liberté, au pied du marronnier, devant le Presbytère, les archives et titres de propriétés du comte de Sérans, apportés par un de ses fermiers.
La loi ayant ordonné la destruction des symboles féodaux et religieux, la Municipalité commande, après adjudication, à Jean Baptiste Laudé, moyennant 50 livres, alors que ses concurrents en demandaient 70, de descendre la cloche du clocher, de détruire les tombes du Prieuré et les épitaphes, de décapiter les statues de l’église et de démolir les tombes les calvaires. Heureusement son zèle n’a pas été excessif. La grande chaire du prieur située dans le chœur a été démolie.
1794 – A la requête du Commissaire de Beauvais, le citoyen ci-devant Cléry de Sérans est traduit devant un tribunal constitué par la municipalité. Il est fait un rapport élogieux sur sa conduite généreuse lors de la disette de 1789 de l’ouragan et de l’épidémie, également, de 1789, ainsi que de l’incendie de 1791. Il ne sera plus inquiété.
En avril, le village de Sérans est soumis aux réquisitions de blé et de farine pour les indigents, puis en mai, de fourrage pour l’armée du Nord, puis des cendres et salpêtre, puis des tonneaux pour transporter les munitions. La commune s’y prête de si mauvaise grâce qu’est prescrit un recensement : Sérans possède 41 chevaux, 124 vaches et 811 moutons. A cette époque, l’élevage du mouton est très important, car la Molière est recouverte de pâturage.
1796 – Le 14 prairial de l’an IV (2 juillet 1796), les citoyens de Sérans signent un manifeste conservé par les archives : “Nous, citoyens de la commune nous avons l’intention d’exercer notre culte dans la ci-devant église”. Les mêmes signatures sont gravées dans l’église à gauche de la porte et à 3 mètres du sol.
1799 – Le 20 fructidor de l’an VII (6 septembre 1799) une adjudication pour la fonction de percepteur désigne Germain Petit qui demande 2.5 % des sommes perçues alors que ses concurrents demandaient 4%.

XIX ème siècle

Le château est partiellement démoli.
Les grandes fenêtres du chœur de l’église et du chevet plat sont refaites en gothique.
1802 – Charles François de Cléry est maire et organise la conscription. On tire au sort 4 soldats sur les 15 jeunes gens de la commune.
1803 à 1870 : Le curé Pelletier rétabli la Confrérie de St Roch : 12 volontaires en uniforme bleu et argent procèdent aux enterrements.
1813 – Le comte Charles François Cléry-Sérans, 65 ans, part pour Rouvray en Bourgogne et y meurt. Sa veuve, la comtesse Clothilde-Louise de Sagnier de Luire, 58 ans se remarie pour la 3eme fois. Elle épouse le chevalier René-Urbain Jégu, 43 ans
1815 – Le retour du roi ne change rien à la vie du château
1816 – Le 20 janvier, c’est l’anniversaire de l’exécution de Louis XVI.
1825 – Le chevalier Jégu est maire. Les séances du Conseil Municipal quittent l ‘église pour se passer au château. La Molière est vendue par petits lots, quand la commune a besoin d’argent.
1826 – Le 7 février, la voûte du chœur de l’église s’effondre.
1828 – 1830 : Construction de la route de Beauvais à Mantes. La traversée de Sérans est pavée. Son entretien coûte, par personne, un impôt de deux journée de travail et de deux journées de cheval et charrette à fournir soit en valeur, soit en nature.
1830 – L’école est dans l’actuelle Mairie. L’instituteur est également secrétaire de Mairie, conducteur de l’horloge, écrivain public et membre de la confrérie de St Roch. Selon les classes les élèves payent 50c, 75c ou 1 francs par mois et une bûche par semaine.
1831 – Louis Philippe rétablit les compagnies de Gardes Nationaux. Un bataillon cantonal est prévu à Montjavoult, finalement c’est la commune de Sérans qui en devient le centre et la Molière sert de champ de manœuvres.
1832 – Mort du colonel Jégu. Il est le dernier à être enterré dans la chapelle St Nicolas. La famille Cléry est endettée, il n’y a plus de descendant et c’est là que s’arrête l’histoire des Cléry qui avait commencé au XI ème siècle.

L’exode rural et la révolution industrielle :

Il semble que le déclin du village date de cette époque. La disparition des communaux ne permet plus aux indigents de subsister. La nouvelle route développe les échanges et accélère l’évolution.
Abélard Fessard possède la grande ferme de Sérans et réside dans le château du bas.
1840 – La commune achète 4000 francs ” la maison des Cléry “, rue du Petit Sérans. Elle devient l’école. La marie prend la place de l’ancienne école.
1848 – Le glanage est réservé aux indigents listés par la mairie. Ils sont 33 à Sérans et 24 au Petit Sérans.
1849 – Le 17 avril, la commune achète pour 6.800 francs le Prieuré pour y loger le curé.
1850 – L’école n’est ni gratuite ni obligatoire, mais la moitié de la population du canton de Chaumont sait lire et écrire.
1859 – La chapelle St Nicolas, décrite dans l’annuaire de l’Oise sera détruite dès ce XIX ème siècle.
1860 – Sérans a perdu en quelques années 20 % de sa population.
1861 – Sérans est rattaché au service postal de Magny en Vexin (Val d’Oise) qui n’est qu’ à 6 km alors que Chaumont en Vexin, chef lieu de canton, est à 12 km.
En novembre, au lavoir de Nucourt, une bagarre oppose les lavandières de Sérans à celle de Nucourt qui leur refusent le droit de laver le même jour qu’elles.
1865 – Des fontaines sont aménagées à Sérans et au Petit Sérans.
1870 – Le siège de Paris. Les Hulans prussiens campent à Magny en Vexin et à Chaumont.
Sérans cotise avec civisme à l’emprunt de guerre.
1883 – Construction de la nouvelle école dans l’allée de platanes, avenue de l’église.
1898 – Sérans construit un lavoir à l’entrée du bourg, côté Hadancourt. Démoli en 1972 suite au décès d’ un enfant qui s’y est noyé.

XX ème siècle Un village sinistré :

1939-45 : Dans les carrières du bois de Nucourt à 4 ou 5 km de Sérans, les Allemands installent un atelier de montage de V2 (fusées pouvant atteindre Londres). Les alliés le bombardent, mais un jour de vol des bombardiers confondent le bois de la Molière et le Bois de Nucourt. Ni l’église, ni le village ne sont touchés, mais les explosions souffrent les vitraux. Les vitraux de la grande fenêtre ogivale du chevet sont donc récents.
1965 – Le Conseil Municipal décide de démolir le lavoir, ceci afin de prévenir tout accident.
1994 – Le 3 juin, la cloche de 1581, classé Monument Historique, fêlée, sera descendue du clocher pour être remplacée par deux nouvelles cloches ; elle restera dans l’église à gauche de la porte d’entrée.
1995 – Dans le courant du mois de mai, création du Parc Naturel du Vexin français (P.N.R) dont le siège est au château de Théméricourt 95450, près de Vigny (Val d’Oise).
Sérans, situé dans l’Oise, n’est pas inclus dans le Parc.

Serans aujourd’hui :

La butte de la Molière est surmontée d’une tour hertzienne.
Les carrières sont devenues des champignonnières.
Il n’y a plus à Sérans que deux exploitations agricoles mécanisées et spécialisées (blé et betteraves sucrières)
Les haies boqueteaux et ruisseaux ont disparu.